Le mobbing, du verbe anglais to mob qui signifie molester, malmener, se définit en français par le harcèlement moral au travail.
Le père de la notion de mobbing est Heinz LEYMANN, chercheur en psychologie, qui l’a qualifié de « psycho-terreur ». Il le définit comme « l’enchaînement, sur une assez longue période, de propos et d’agissements hostiles, exprimés ou manifestés par une ou plusieurs personnes envers une tierce personne ».
Marie-France HIRIGOYEN, médecin psychiatre et psychothérapeute familiale, y voit «toute conduite abusive (…) pouvant porter atteinte à la personnalité, à la dignité ou à l’intégrité physique ou psychique d’une personne, afin de mettre en péril l’emploi de celle-ci ou de dégrader l’ambiance de travail ».
Les juristes, eux, donnent diverses définitions que nous pouvons résumer ainsi :
«le harcèlement professionnel est un comportement fautif répété individuel ou collectif dont le caractère vexatoire, humiliant ou attentatoire à la dignité, perturbe les conditions de travail, altère la santé physique ou mentale de la personne qui en est victime et compromet son avenir professionnel ».
La conception du travail a changé dans la société au cours de ces dernières années. On tend vers un individualisme toujours plus important : de plus en plus, les gens comptent en fonction de ce qu’ils rapportent à l’entreprise, ce qui crée une pression, une compétition et un stress propice aux abus.
En règle générale, toute mauvaise organisation au sein d’une entreprise est un contexte favorable pour le développement du mobbing. Une définition insuffisante des fonctions de chacun et des procédures de l’entreprise amène des rivalités et des tentatives de prise de pouvoir.
Cela est souvent dû aussi au fait que les responsables hiérarchiques ne sont pas de véritables managers, qu’ils ont été nommés plus pour leurs compétences techniques que pour leur aptitude à animer une équipe. Le mobbing est souvent le résultat de plusieurs tentatives avortées pour résoudre un conflit.
Cela peut venir d’une surcharge de travail. Le mobbing augmente avec le durcissement de la concurrence et la précarisation de l’emploi.
De même, les fusions, les restructurations, l’arrivée de nouveaux collègues, d’un nouveau chef, peuvent favoriser le mobbing.
Quand y a-t-il véritable harcèlement ?
Attention, n’importe quel conflit ou agression ne se définit pas comme du mobbing . Il est normal que des frictions, tiraillements, jalousies apparaissent dans un groupe. Une remarque blessante dans un moment d’énervement n’est pas significative.
C’est la répétition des vexations, des humiliations sans aucun effort pour les nuancer qui constitue le phénomène destructeur. Cette manipulation perverse est plus insidieuse à se mettre en place qu’un abus de pouvoir vite démasqué, mais fait d’autant plus de ravages.
Il existe une liste de références établie par LEYMANN qui fixe 45 agissements constitutifs de mobbing s’ils se produisent de manière répétitive sur au moins six mois.
Ces actes visent avant tout à :
- empêcher la victime de s’exprimer, refuser la communication directe
- l’isoler de son équipe de travail,
- la déconsidérer auprès de ses collègues ( remise en question du travail accompli, mépris)
- la discréditer (sous-entendus, mensonges, calomnies)
- la brimer (lui confier des tâches inutiles ou sans rapport avec sa qualification)
- la pousser à la faute, la provoquer
Portrait du harceleur : il n’existe pas de « précis du petit harceleur » qui aiderait à s’en défendre de manière systématique car la caractéristique du harceleur est son habilité à déployer un arsenal pervers et manipulateur qui va de la séduction à la tyrannie et ce de façon sournoise, insidieuse et acharnée.
Chez le harceleur comme chez le harcelé , il y a un problème d’estime de soi.
Le harceleur pratique une communication descendante qui vise à détruire.
Ici la lutte ne se fait pas à armes égales car la victime met souvent très longtemps à se rendre compte qu’il s’agit d’une guerre.
Le harceleur parvient à déstabiliser sa proie et va jusqu’à la rendre responsable de ce qui ne va pas. La victime, pétrifiée par cette situation, perd ses repères et sa confiance en soi.
Elle se trouve isolée, incapable de comprendre ce qu’on lui reproche réellement et s’enlise dans l’interprétation de non-dits, de haussements d’épaules et de phrases inachevées.
Les critères du mobbing (Heymann) :
1. Le chef refuse à la personne harcelée la possibilité de s’exprimer
2. Elle est constamment interrompue
3. Les collègues l’empêchent de s’exprimer
4. Les collègues hurlent, invectivent la personne harcelée
5. Critique constante du travail effectué
6. Critique constante de la vie privée
7. Terreur par téléphone
8. Menaces verbales
9. Menaces écrites
10. Refus de communiquer signifié par des regards et des gestes dépréciatifs
11. Refus de communiquer signifié par des allusions mais sans indiquer de raison précise
12. On n’adresse plus la parole à la personne harcelée
13. On fait en sorte que la personne harcelée ne puisse plus entrer en dialogue
14. La personne harcelée se fait assigner un lieu de travail éloigné de celui de ses collègues
15. Les collègues de travail ont l’interdiction d’adresser la parole à la personne harcelée
16. La personne harcelée est traitée comme si elle n’existait pas
17. On dit du mal de la personne harcelée dans son dos
18. On répand des rumeurs
19. On ridiculise la personne harcelée
20. On prétend qu’elle est un, une malade mentale
21. On essaie de contraindre quelqu’un à aller consulter un psychiatre
22. On se moque d’une infirmité
23. On imite la démarche, la voix ou les gestes de quelqu’un pour le ridiculiser
24. On s’attaque aux convictions politiques ou religieuses de quelqu’un
25. On se moque de la vie privée de quelqu’un
26. On se moque de la nationalité de quelqu’un
27. On contraint quelqu’un à exécuter un travail qui porte atteinte à sa dignité
28. On note le travail de la personne harcelée de manière inéquitable et en des
termes malveillants
29. On met en doute le bien-fondé des décisions prises par la personne harcelée
30. On invective quelqu’un ou on lui adresse des propos déshonorants
31. Tentatives d’approche sexuelle ou offres verbales de relations sexuelles
32. La personne harcelée ne se voit plus assigner de travail
33. On lui ôte toute occupation au travail, de telle manière qu’elle ne puisse même plus donner des tâches elle-même
34. On lui donne à faire des travaux qui n’ont pas de sens
35. On lui fait faire des travaux qui ignorent ses capacités réelles
36. On lui donne constamment de nouvelles tâches à exécuter
37. On lui fait faire des travaux qui la blessent dans son amour-propre
38. On lui fait faire des travaux exigeant des qualifications supérieures aux siennes afin de la discréditer
39. On l’oblige à faire des travaux qui nuisent à sa santé
40. Menace de violences physiques
41. Actes de violence légère à titre d’avertissement
42. Sévices corporels
43. On engendre des frais à payer par la personne harcelée pour lui nuire
44. On cause des dégâts physiques au domicile ou sur le lieu de travail de la personne harcelée
45. Agressions sexuelles
Consultez l’article complet sur le mobbing dans nos articles.